Titou ! Il est là ! ! ! ! ! !
Le cri résonne dans la maison; dans le jardin, les chants d'oiseaux se taisent, le vent s'immobilise, plus aucune feuille ne bouge, le silence se fait, tout est attentif, est-ce vrai ? Pirate serait revenu ?
Son poil si blanc n'est que saleté. Il est tout ébourriffé. Il est un épi à lui tout seul, une sorte de cactus non répertorié. Son ventre blanc est rosé et il sent le fioul ou le gasoil. Il miaule d'une voix rauque de fumeur invétéré.
Annie le saisit et le sert contre elle.
- Mon bébé, tu es là, mon amour joli, mais où étais- tu ? maman a eu très peur tu sais...mphhhh...mmmmpppphhhh...mais tu sens le gasoil ! bahhhhh ! ! !...
Et elle le tient à bout de bras. Tu parles, trop tard, son joli pull en mohaire s'en souviendra longtemps. Mais elle s'en fiche, et le reprend contre elle; je m'approche et les enlace... tant pis pour le fioul, c'est à celui qui pourra lui faire le plus de caresses, le plus de câlins malgré cette odeur épouvantable qui s'installe et va rester quelques temps parmi nous.
Il s'agite pour faire comprendre qu'il veut qu'on le dépose au sol, et se précipite sur les croquettes.
- Il est affamé, je vais lui découper une tranche de jambon, verse lui un peu de lait, regarde dans le placard s'il reste une boîte avec le chat à l'air bête !
Et c'est la valse autour de nos gambettes, La queue dressée de Monsieur Pirate est une merveille à elle toute seule: c'est une véritable plume d'autruche dressée vers le ciel. Elle est le baromètre de son humeur. La tête dans le bol de croquettes, son derrière en l'air, sa queue est droite comme la victoire. C'est curieusement la seule partie de son corps qui semble propre...On pourrait nettoyer entre les barres d'un radiateur avec ça...
Ronrons, caresses meublées de reproches et de noms d'oiseaux,
le retour de Pirate est une délivrance pour tous. "Le pôve ti bonhomme" est exténué.
Repu, il se laisse aller au plus profond du sommeil sur son coussin préféré. Annie en profite pour nettoyer ventre et patounes souillées par le dérivé du pétrole.
Après croquettes, jambon, léchouilles sur le doigt de papa où la noix de beurre fuit les quenottes, dodos ronronnants et réparateurs, Pirate vient s'installer sur le canapé télé, juste entre nous.
En ce début juin frileux, le feu crépite encore dans la cheminée tous les soirs. Pirate allongé de tout son long pattes en l'air se laisse aller au d'épouillage, au détiquage, au démêlage, au gratouillage, à ce grand ménage de pelage. Sa mère Pichenette est grimpée sur une poutre, et contemple. Question est couchée sur le dos du canapé nous effleurant de ses pattes, nous baignons dans un bonheur partagé, tout le monde ronronne, "pourvou qué ça dourre" .
StA le 09/06/2010.