Album photo du " flibustier "
StA le 08/12/08.
Saint-Arnoult Parler a l'oreille des chats
Album photo du " flibustier "
StA le 08/12/08.
J'ai attendu longtemps avant d'en parler, mais aujourd'hui je
me décide. J'avais trop de chagrin, trop de souvenirs qui me faisaient mal...Toby, mon grand ami, mon frère terre-neuve, ma grosse boule de poils de quatre vingt kilos, mon garde du
corps, est parti vivre en Grande Bretagne.
Je suis triste...Comme il me manque...Il fallait voir les intrus du jardin
se carapater quand averti de leur présence par mon miaulement s.o.s. il leur cavalait derrière. Sa grosse voix faisait trembler les vitres...Ses coups de langues auxquels on ne
s'attendait jamais me laissaient humide et débarbouillée.
Jamais je ne pourrai l'oublier. Je l'ai connu tout petit...En réalité pas si
petit que ça, tout bébé, il était
déjà vingt fois plus gros que moi. Tout de suite, entre nous, ce fut le coup de foudre. L'amour platonique est parfois plus fort que tout autre... Chaque fois que nous passions l'un à côté
de l'autre, nous ne pouvions nous empêcher lui sa lichouille et moi câlin de la tête, queue dans les pattes.
Mais un jour, Toby a fait une grosse bêtise...Victor, petit garçon de trois ans,
s'est approché de lui pour lui faire un bisou, comme à un nounours. Les terre-neuves adorent les enfants; Toby, peut-être surpris, l'a mordu au visage. Pas gravement, mais
suffisamment pour lui laisser une petite fossette sur la joue qui lui donne aujourd'hui quelque charme.
Papa a pardonné mais nous a bien prévenu que Toby était un gros animal,
doué d'une force considérable, mais aussi doté de crocs, et qu'il fallait rester vigilants. Ce qui s'était passé n'était pas normal. Un terre-neuve ne s'attaque jamais à un
enfant, ou à plus faible que lui.
Quelque temps plus tard, nous profitions des derniers rayons de
soleil d'une belle journée d'été sur
la terrasse d'Emmanuel. les glaçons tintaient dans les verres, la fumée du barbecue partait dans le bon sens, la table était couverte de bonnes choses. Papa discutait avec manou et son
copain décorateur Phillipe. Toby dormait allongé sur l'herbe. Moi, je surveillais les saucisses.
Annelaure et Victor sont sortis de la maison. Papa et Anne laure se sont
regardés une fraction de seconde, comme si tous deux avaient été avertis de ce qui allait se passer ; et heureusement, car alors que Victor contournait la table, Toby s'est soudainement dressé et
jeté sur lui les crocs sortis, babines relevées, sans que le gosse ait fait quoi que ce soit. Papa s'est jeté de sa chaise sur Toby, le ceinturant par le train arrière, le bloquant sur place au
moment ou il allait saisir Victor dans sa gueule. Anne laure a pris Victor dans ses bras, pendant que Papa et Toby roulaient au sol.
Tout cela était arrivé en une fraction de seconde, et personne n'avait réalisé
ce qui se passait. C'est alors que Toby s'est retourné sur papa et a refermé ses crocs sur lui. Les terre-neuves imposent leur masse imposante mais ne mordent pas. Toby, lui, a mordu
profondément Papa sur le côté et sous l'aisselle avant qu' Emmanuel n'intervienne " shootant " dans le chien, ce qui lui a fait lâcher prise.
Rien, absolument rien ne pouvait laisser présager ce qui s' est
passé. Jalousie envers le petit garçon peut-être...cela reste un
mystère.
Papa et maman désespérés, Toby était leur troisième terre-neuve, ont pris
contact avec éleveurs, dresseurs, vétérinaires, club du terre-neuve, et autres spécialistes, ils ont été unanimes pour dire qu'un Terre-neuve méchant doit être euthanasié. La mort dans
l'âme, ils ont pris rendez-vous avec leur vétérinaire.
Avertie de ce qui s'était passé, annette, la cousine anglaise de papa qui tient
un " bed and breakfast "
à Douvre en Angleterre a téléphoné quelques heures avant le rendez-vous pour dire qu'elle prenait Toby.
Papa lui a bien expliqué le danger, la responsabilité qu'elle
prenait. La paperasserie a pris six mois durant lesquels Toby a été placé en quarantaine, puis Annette est venue le chercher.
Aujourd'hui, il y a déjà près de deux ans qu'il est parti et me manque
comme au premier jour. Il est dans un tout autre univers, en bord de mer, les terre-neuves sont des chiens de mer, il obéit à une autre langue, Annette et son mari sont des amours...
Ca m'a fait du bien de vous raconter cette mésaventure. En douce de Papa et
Maman, j'apprends l'anglais et prévois un petit voyage à l'étranger...
Pivoine.
StA le 05/12/08.
*
Question est arrivée dans le salon et s'est perchée sur la petite table de nuit près de la porte fenêtre. Assise le long de la lampe en pâte de verre, la tulipe semble lui faire un chapeau. Effleurant son poil, un radiateur diffuse sa douce chaleur, c'est là un poste de guet idéal pour voir ce qui se passe dans le jardin aujourd'hui enneigé.
Pirate, petit chaton gris et blanc qui vient tout juste d'avoir trois mois, la suit partout depuis ce matin. Il a eu beau se cacher derrière le moindre grain de poussière, un pied de chaise ou de table, elle l'a tout de suite repéré mais feint de ne pas le voir. De sa langue râpeuse, elle se livre a une légère toilette.
Le petit chat se décide, et de toute sa hardiesse et innocence, il s'approche de la table. Assis sur son derrière la tête en l'air, il observe.
- Miaouou ? Je peux monter à côté de toi ?
- PFFFF ! PFFFF! Laisse moi tranquille petit chat !
- Miaaaou ? Eh bien alors, qu'est-ce que tu as ? Pourquoi me souffles-tu ainsi ? Ce n'est pas comme ça que l'on m'a élevée moi; la politesse d'abord, les états d'âme ensuite.
- Mieeeooow; Qui es-tu toi pour me donner des leçons ? Ne t'a-t-on pas appris le respect des anciens ?
- Miaououww. On m'appelle Pirate, fils de Pichenette, et je griffe plus vite que mon ombre ! Surtout le canapé de la tante Simone ! Mais pourquoi me regardes-tu avec ces yeux méchants ? Moi je veux seulement te faire un câlin, des bisous, jouer avec toi ?
- Mieeeowow ! Bas les pattes petit, tu viens d'arriver dans cette maison, je ne suis pas encore prête à partager mes odeurs ! Des pourmiauler ont lieu avec ta mère; et nous avançons vers une entente cordiale. Quand
à toi, stop !
- Miou...Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?
- Maaaoow. Ne me prends pas par les sentiments Pirate, malin petit chat que tu es, à la belle frimousse, sache que l'on ne fait pas sursauter une chatte adulte et responsable comme moi en l'approchant par derrière, et en vérifiant effrontément si elle a bien fait sa toilette partout !
- Miaouou ? Je peux monter à côté de toi ?
StA le 01/12/08.
J'ai trouvé au fond d'un tiroir
un petit papier blanc passé.
Sur lequel il y a très longtemps
Afin de pallier mon manque de mémoire,
J'ai noté comme je le fais souvent
Une phrase, un seul mot, une idée,
Quelques pattes de mouches
Qu'il faudra décrypter.
Mais comment ai-je bien pu
A ce point t'oublier
Au fond de ce tiroir ?
Ne pas t'avoir relu,
Te laisser replié,
Tout seul dans le noir ?
Je ne sais plus d'où tu viens
Petit bout de papier...
Souvenir incertain
Bien vite griffonné.
Je vous livre la phrase, qui m'avait tant frappée, dont l'auteur avait l'âme d'une telle grandeur:
" Quand les caméras seront parties,
et qu'il ne restera que la misère,
il ne faudra pas oublier. "
Mon épouse se souvient; c'est de Patrick Poivre D'Arvor de retour d'un pays sinistré...
StA le 24/11/08.
Ah ! ces anglais...pure merveille.
StA 22/11/08.
A l'abri du vent, sur la vieille bûche de chêne contre le mur de la
maison, un petit rayon de soleil d'automne s'est posé.
Je sortais du salon, me léchant les moustaches après une courte visite à ma
copine la soucoupe de lait, quand je réalisai que je pouvais trouver là notre plus grand bonheur de chat, un petit coin douillet pour la sieste.
Allongée de tout mon long, ma papatte qui pendouille
s'agite au fil de mes rêves; le bois tout chaud réchauffe mon ventre blanc.
- cuicuicui, cuicui, cuicuicuicuicuicui !
Quel plus grand bonheur pour un félin que d'être tiré de sa
torpeur par un doux gazouillis d'oiseau ? Juste au-dessus de ma tête, dans la vigne vierge qui a déjà perdu ses feuilles, des brindilles enchevêtrées, un peu de mousse verte,
une plume qui dépasse, c'est le nid de monsieur et madame pigeon; ça ne vient pas de là, les pigeons ça fait rrourrourou; et puis j 'ai assisté à l' envol des petits cet été. Les ailes
se sont bien déployées, rien pour mes quenottes.
-cuicui, turlu cuicui, cuicuicuicuicui !
A la fenêtre de la cuisine, j'aperçois maman mésange. Va et
vient incessant entre les boules de graines que maman a pendues, et les petits dans le nid douillet. Dans la famille tourterelle, la fille ! Elle aurait été séduisante entre mes mâchoires
d'acier...Mais maman place les boules trop haut !
- cuicuicuicui, cuicui, cuicuicuicuicui, tchi tchi cuicui !
Dans le cerisier, un nichoir de bois blanc fait penser à une case africaine;
C'est là que vient se restaurer toto le rouge gorge. Pendu à une ficelle qui passe par une branche haute, il tourne doucement au gré du vent, inaccessible à tout prédateur. Maman
n'a qu'à détacher la ficelle pour le faire descendre et le recharger en graines spéciales oiseaux du ciel.
une fois, elle l'a posé à terre et pendant qu'elle allait chercher les
graines, j'ai pu le renifler; ça sent comme les petits gésiers...un rêve...
- Titui, titui, turlutui, cuicuicui, tuituitui !
Ce ne sont pas les tourterelles, elles sont dans le vieux poirier tout
déplumé et se font des bisous...
Je quitte ma bûche toute chaude pour faire une inspection du jardin. Ah mais
d'où cela vient -il ?
J'avance la tête en l'air, mes vibrisses s'agitent dans tous les sens, des
odeurs exquises et d'autres
moins me piquent le nez comme un humain qui s'enrhume.
Sur une vieille herse adossée au mur de pierre, maman a renversé
deux pots de fleur en terre cuite. Elle a agrandi le trou au fond avant de les appliquer contre le mur... Il n'y a pas encore de locataire...
- Tirlui,tirilui, cuicui !
C'est peut- être un moineau entré dans la camionnette de papa par la
vitre toujours entrouverte, et qui ne saurait plus par où sortir ?, non, aucun passager.
Maman a également pendu, un nichoir en forme de grosse goutte d'eau,
fait de terre et de brindilles
devant la fenêtre de la salle de bain. Un peu haut pour y aller voir, c'est au premier étage.
- Cuicuicui, cuicui, cuicuicuicuicuicui !
Le coffre de la voiture de papa est ouvert et il me semble bien que...
c'est encore une de ses blagues idiotes ! J'avais raison, ça vient de là; si c'est encore un détecteur de je ne sais quoi,?!
Mais non, c'est l'ordi de papa, son portable, il est resté allumé
sur over- blog, et c'est la musique de Tachka, vous savez ? http://tachka.over-blog.fr/ qui adore les loups, la nature, et comme moi, les petits
oiseaux ! ! !
StA le 17/11/08.
- He ! mais qu'est-ce qu'ils font ?! Où est passée la litière ? Et
mes croquettes ?!
Au milieu du salon siège une jolie gazinière double fours, à côté d'un superbe
évier de pierre noire.
Maman a vidé tout ce qu'il y avait dans les meubles de la cuisine dans des
grandes caisses de plastique. Elle a même retrouvé des boîtes pour nous !
Papa avec ses lunettes bout du nez se livre à des calculs savants, mesurant et
remesurant la cuisine
en long, en large, et en travers. Il a démonté le robinet d'arrivée d'eau qui pendouille au bout des tuyaux; visiblement il improvise...Assis sur un tabouret, il entre en contemplation devant le
meuble évier. Séance cogitation....
Quand à moi, avant de jouer à l'inspectrice des travaux pas prêts d'être finis,
je dormais profondément sur la couette de leur lit au premier étage, et des coups de marteau m'ont réveillée.
Je risque un oeil par les carreaux, il pleut à verse, on ne met pas un chat
dehors par ce temps là.
- Maaaoooou, dis Papa, comment je fais moi pour...
- pousse toi Pivoine, tu es dans mes jambes, je vais te
marcher dessus.
- Maaaououou, Papa, où as-tu mis la litière ? j'ai envie moi; et pas question de
sortir.
- Qu'est-ce que tu as Pivoine ?
- Miaou, miaou, miaou: j'ai mal au ventre ! ! !
- Tu veux sortir ?
- Meeaaou, ah non ! tu as vu la pluie ?
- Oh ! ma Pipive, je n'avais pas compris...où ai-je mis ta caisse ?... là,
sous le carton, mais ça me donne une idée; si on met la litière à cet endroit, tu es cachée, et moi je peux caser le meuble deux portes à côté...La voilà la solution, merci ma Pivoine.
- Miaaaooououou, c'est ainsi que je suis devenue architecte
d'intérieur.
StA le O7/11/08.
Mon coeur a fait un bond et malgré moi, la loco démarre: ronron
ronron et
ronronron. --
- Écoutes Question, c'est la voiture de Papa !
Et nous voilà toutes les deux le nez collé aux carreaux.
Ils sont revenus...Six jours sans eux...
Durant leur absence, mon petit frère Emmanuel s'est bien occupé de nous. Il
est venu chaque soir nous ouvrir la porte de la maison suivant les consignes de maman. Chaque matin, avant de partir travailler, il est passé voir si tout allait
bien, a changé la caisse, un peu de lait, des croquettes, et des boîtes chères tous les jours !
Bien sûr, tout comme eux au loin, c'était l'hôtel quatre étoiles; mais leur
absence...C'est long six jours sans caresses, sans petits mots doux., à dormir sur un lit vide, sans un doigt dans le p'tit cou, un gratouillis entre les deux oreilles, un mot
câlin...
D'autant plus qu'ils ne nous ont pas prévenu. J'ai bien vu maman trier leurs
affaires, mais j'ai cru qu'elle sortait les vêtements d'hiver. Non, elle préparait les valises.
Le jour de leur départ, avec question, nous étions parties régler un problême de
territoire au bout de la grande pièce d'eau; mais lorsque nous sommes rentrées, la porte était close. Et puis il pleuvait, et le ciel était tout gris, comme dans nos petits coeurs. Il a fallu
attendre Manou le soir qui nous a expliqué.
C'est triste la vie sans eux. Le plus difficile est le manque créé par leur
absence; et ce vide dans la maison silencieuse.
Leur présence, c'est comme une bouffée de soleil. C'est le vieux chêne qui
travaille et fait craquer la maison, c'est la porte de la cuisine s'ouvrant sur le jardin, et qui fait doucement tinter les mobiles de bois accrochés aux rideaux, le réfrigérateur qui se met
en route comme si on allait l'ouvrir, et en sortir un tendre gésier coupé en petits dés, c'est cette odeur de mûres qui traîne derrière maman traversant le salon, la douce
chaleur du feu dans la cheminée qui réchauffe ma fourrure.
Leur présence, c'est cette multitude de petits bruits de la vie de tous les
jours qui peuplent le silence. Ils sont revenus. Ils entrent dans la maison:
- Bonjour les fifilles à quatre pattes ! bonjour Pivoine !
Comme tout chat qui se respecte, il n'est pas question de leur montrer une
seule seconde que je suis tellement heureuse. Nous les chats sommes extrêmement rancuniers, surtout quand on nous abandonne six longs jours. Alors, je joue
l'indifférence, je regarde ailleurs. je compte jusqu'à dix et la queue en l'air, je me jette dans leurs gambettes miaulant et ronronnant comme jamais. C'est ça l'amour...
StA le 9/10/O8.