...six, sept, huit, neuf, dix, partez !
Mes pattes dérapent sur le gravillon, et de tout mon élan je pénètre dans la
cuisine et saute sur l'évier. Maman fait un bond en arrière et jette ses endives en l'air. Elles retombent dans la cuvette remplie d'eau claire éclaboussant partout.
" Oh Pivoine ! Ça ne va pas non ? ! Ça y est, c'est son quart d'heure
de folie ! "
Mais telle une flèche, j'ai déjà bondi dans le salon. Coup de frein, le
tapis glisse sur le sol et fait quelques plis devant mes papattes tendues. En un bond je suis sur la commode, je slalome entre les biscuits de porcelaine, l'aiguière en crystal, l'oeuf d'autruche
et la cave à liqueur. Pas le temps de vérifier si tous les verres sont pareils, je m'élance sur le canapé et rebondi sur la table ronde. De là, il n'y a qu'un saut pour atteindre la table
basse; une poussée sur mes pattes arrières me propulse sur la poutre de la cheminée.
" Bonjour et au revoir les angelos ! " Parce que je repars de plus belle
en sens inverse.
" Mais elle n'est pas bien s'écrit maman ! On la croirait
poursuivie par un monstre venu d'ailleurs ! "
Je grimpe l'escalier quatre à quatre, la salle de bain est fermée. Peu
m'importe, la moquette de la chambre parents accroche bien à mes griffes et va me permettre de prendre encore de la vitesse. Et voilà la chambre de manou.
Je me jette sur le mur recouvert d'un épais tissu mural, et du plus vite
que peuvent aller mes pattes, les griffes telles des serres piquées dans le tissu, je cours sur les murs ne perdant pas un centimètre de hauteur.
J'ai réussi le tour de la chambre de mon petit frère en
apesanteur comme un extra-terrestre !
Mais qu' est-ce qu'il peut bien nous prendre à nous les chats dans ces
quarts d'heure de folie qui nous poussent à des exploits invraisemblables ?
StA le 23/06/08.