Soirée poésie chez Zezette hier soir. Entre deux poèmes et un moment de silence, je suis allé me refaire une beauté dans l'espace réservé aux minouches. A peine entrée, je l'ai sentie ! Certainement abandonnée par quelque midiminette patchouli, une puce a profité que je séchais mes papattes dans l'appareil à air chaud, pour me sauter dessus. Je m'apprêtais à intervenir, quand par la petite fenêtre entrouverte, j'ai entendu le son du paquet de croquettes que Papa agitait loin de là.
Pas vraiment passionnée par les rimes de deux bobos angoras, j'ai posé une patte sur l'épaule de Zezette et me suis éclipsée discrètement.
- Ah te voilà, j'allais fermer la porte.
- Bonsoir Papa, il n'est pas si tard ?
- Ton coussin de laine polaire t'attend près du radiateur ma Puce.
- Ma puce ! Ah je l'avais oubliée celle-là !
Assise sur le bras du canapé de la tante Simone, je me livrais à une dernière toilette, papatte en l'air bien droite avant de dormir, quand j'ai su où elle était.
Un léger chatouillis à mon aisselle droite, là où je conserve une petite boulette de coton démaquillage de maman. Pas folle la puce car c'est là un petit endroit bien douillet, où flotte en permanence une agréable odeur de mûre, le parfum préféré de maman. Celle-ci laisse dans son sillage ce léger parfum qui ne laisse jamais personne indifférent.
Souvent , lorsqu'ils croisent d'autres humains, ceux-ci s'arrêtent surpris, et se retournent les regardant s'éloigner, un petit air triste sur le visage la merveilleuse odeur s'estompant après quelques secondes.
Et les compliments parfois: Dans une file de caisse où attendant un taxi: "humm...humm... vous avez un parfum très agréable madame..discret, difficile à définir, mais humm...." Heureusement, ces compliments viennent toujours de dames sinon il y aurait souvent bagarre avec papa !
Je me souviens un jour où mon p'tit frère Manou disait à Papa:
- Je ne sais pas quoi offrir à maman pour la fête des mères...
- Tu pourrais lui offrir un flacon de son parfum à la mûre.
- Heu oui Papa mais je n'ai pas assez de sous...
- Ne t'inquiète pas je mettrai au bout, quand on aime, on ne compte pas.
Quel plaisir d'être réveillée par le doux parfum de maman; c'est comme quand la main de Papa nous chatouille sous le p'tit cou, ou derrière les oreilles .Il n'y a qu'à fermer les yeux et croiser les griffes pour que ça dure le plus longtemps possible.
Quand maman traverse la maison, Question sur le canapé de la tante Simone, Padypady dans sa corbeille traiteur, et moi sur un pull de Papa, nos trois têtes se dressent, nous humons l'air à la recherche du petit plus, et plus encore de cette délicieuse odeur, et nous nous
regardons toutes les trois, attendries yeux plissés avant de replonger doucement dans nos rêves dorés.
Mais là, il s'agit d'une urgence; pas question d'abriter une seule minute de plus ce parasite indésirable. Ma papatte droite sort mes griffes acérées comme des lames de rasoir, et d'un seul coup coince l'intruse entre des barreaux infranchissables.
- Je ne veux pas te tuer petite puce, je ne suis pas cruelle, mais tu vas aller habiter ailleurs.
Et d'un saut sur l'évier de la cuisine, je glisse ma patte par la fenêtre entrebâillée et propulse l'indésirable dans le jardin.
Tout compte fait, je vais aller dormir dans la salle de bain sur la première marche de la grande baignoire, en face du radiateur à chaleur rayonnante à côté du flacon de parfum de maman. Il sent encore meilleur celui-là, c'est celui de Manou.
StA le 01/03/2016.